Un projet des AmiEs de la Terre de Québec

Étiquetage et gaspillage

L’étiquetage des produits alimentaires est-il une source de gaspillage? Comment savoir si les aliments de notre frigo sont encore bons même si la date de consommation indiquée est dépassée?

Estelle Richard, organisatrice communautaire aux AmiEs de la Terre en charge du projet Sauve ta bouffe, a consacré un article aux liens entre gaspillage alimentaire et obsolescence programmée, que nous vous proposons de découvrir ici :

L’obsolescence programmée – la mode, la technologie et la nourriture : gaspillage orchestréNos modes de vie contemporains peu­vent s’illustrer de maintes façons. L’une d’entre elles est la recherche du plaisir, du confort, de la sécurité, qui se matérialise bien souvent par l’acquisition de biens. Qu’il s’agisse de meubles, de vêtements ou encore d’aliments, leur achat nous fait du bien et nous donne un sentiment de contrôle sur notre vie. Comme si s’entou­rer de matériel donnait un sens à toutes ces heures passées à travailler. La majo­rité de la population occidentale passe sa vie à accumuler de l’argent afin de se permettre de consommer toujours plus beau, plus neuf, plus technologique, plus à la mode quoi! Ne blâmons toutefois pas seulement le consommateur, car si celui-ci est responsable de l’action d’acheter, il ne l’est pas de la durée de vie d’un produit ni de sa qualité.L’obsolescence programmée, voilà un des noeuds du problème de la surconsom­mation. Ce terme renvoie aux techniques consciemment utilisées par des produc­teurs afin de réduire la durée de vie de leurs produits pour, ultimement, augmen­ter le besoin de remplacement de celui-ci. Cette tendance peut s’expliquer par la logi­que capitaliste dans laquelle nous sommes profondément ancrés, qui prône l’augmen­tation du profit comme pilier de la dyna­mique économique. Pour ce faire, le coût de production doit être bas, ce qui engen­dre nécessairement une baisse de qualité. Aujourd’hui, il est souvent moins onéreux de racheter un grille-pain, par exemple, que de le faire réparer. Ainsi, un produit qui s’use assure le maintien des ventes.Différentes formes d’obsolescence pro­grammée existent. Il y a, entre autres, l’obsolescence «esthétique» qui fait ré­férence aux tendances vestimentaires : on nous suggère ce qui est à la mode ou pas. L’obsolescence «par incompatibilité», quant à elle, implique de se débarrasser d’un produit devenu inutile, car il dépend d’un autre objet dont le niveau technolo­gique est supérieur. C’est souvent le cas des appareils informatiques.Ici, nous nous attarderons à l’obso­lescence «par péremption», celle des aliments dits périmés («passés date»). La grande majorité des produits alimen­taires que nous consommons au Québec sont étiquetés avec une date «meilleur avant». Celle-ci est relativement arbitrai­re, en ce sens que «meilleur avant» ne veut pas dire «mauvais après». En effet, il s’agit d’une date optimale de consom­mation du produit, et non d’une date limite de consommation. En France, la date indique la limite jusqu’à laquelle le produit est sain; au-delà, il est périmé. Cette façon de faire favorise, selon le comité Sauve ta bouffe des AmiEs de la Terre, une diminution du gaspillage alimentaire. En effet, si au Québec nous jetons notre pot de yaourt à la date in­diquée («meilleur avant»), nous jetons un produit qui aurait été encore comes­tible pendant plusieurs jours. Plusieurs aliments peuvent être mangés même si la date «meilleur avant» est dépassée : il suffit de les conserver de façon optimale et de se défaire des préjugés que les pro­ducteurs tentent de nous inculquer.

Si vous souhaitez compléter vos connaissances sur le sujet, voici un reportage intitulé «Les dates de consommation nous poussent-elles au gaspillage ?».