Ce mois-ci le comité Sauve ta bouffe a décidé de vous présenter différentes initiatives inspirantes qui ont lieu en Europe. Il y a de quoi s’inspirer!
Allemagne
En Allemagne, une nouvelle campagne gouvernementale, « Zu gut für die Tonne » (Trop bien pour la poubelle), a été lancée en mars 2012 dans le but de lutter contre le gaspillage alimentaire. Cette campagne vise à donner des trucs et astuces aux citoyennes et citoyens pour gérer au mieux la nourriture (achat en magasin, comment s’accommoder des restes, stockage approprié, etc.). De plus, les actrices et acteurs des milieux de la restauration, de l’industrie agroalimentaire, de l’agriculture ainsi que les associations de consommatrices et consommateurs ont été invités à une table ronde sur le gaspillage alimentaire. Parmi les pistes de solutions qui y ont été évoquées : réduction des emballages, baisse des prix des produits bientôt périmés et tailles de portions à revoir. Notons aussi que des actes de résistance culinaire rassemblant plusieurs centaines de personnes partageant soupe et musique ont lieu en Allemagne. Des dizaines de bénévoles recyclent des centaines de kilos de légumes invendus en soupe-happening.
Belgique
En Belgique, beaucoup de documentation et de publications gouvernementales sont disponibles en ce qui a trait au gaspillage alimentaire. L’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement, Bruxelles environnement, a réalisé, en 2007, une campagne d’analyse de composition des déchets de bureaux. Deux projets pilotes ont été mis en place en 2008 afin d’évaluer le potentiel de prévention du gaspillage alimentaire. Initiative à applaudir : la ville de Herstal ne renouvelle pas le permis d’un supermarché qui ne donne pas ses invendus aux banques alimentaires.
Danemark
Au Danemark, l’organisme non gouvernemental « Stop Spild Af Mad » ou « Stop Wasting Food » est le plus grand mouvement sans but lucratif au pays en lien avec le gaspillage alimentaire. Créé par et pour les consommatrices et consommateurs, « Stop Wasting Food » organise des campagnes, mobilise la presse et les médias et encourage évènements, débats et discussions dans une visée de réduction du gaspillage des aliments.
Espagne
En novembre 2012, en Espagne, les présidentes et présidents ainsi que les directrices et directeurs généraux de dizaines entreprises d’envergure ont signé un document où elles et ils s’engageaient à travailler conjointement en vue de réduire le gaspillage alimentaire. Distributeurs et banques alimentaires ont aussi été impliqués dans ce projet pionnier en Europe.
France
Le 14 juin dernier, en France, le ministre délégué à l’agroalimentaire a dévoilé les mesures du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ce plan en vise une réduction de moitié d’ici 2025. La démarche associe les grandes surfaces, les ONG de solidarité et le consommateur. Le gouvernement français a réalisé de nombreuses études, de la documentation ainsi que des publications gouvernementales portant sur le thème du gaspillage alimentaire. La France détient également un système de dates sur les produits (date optimale pour la fraîcheur et date limite pour la salubrité). Ce système n’est pas parfait — il est d’ailleurs actuellement en révision —, mais il demeure plus pertinent en matière de conservation, de risque et d’antigaspillage que ce qui existe au Québec. Il existe aussi le projet GreenCook, dont le but est de réduire le gaspillage alimentaire en étudiant le rapport du consommateur à la nourriture et d’optimiser l’offre alimentaire. GreenCook est constitué d’une combinaison multisectorielle de partenaires. Une autre initiative concrète et intéressante : la défiscalisation à hauteur de 66 % des aliments, frais ou près de la date limite, donnée par les supermarchés aux banques alimentaires. Finalement, à l’image des Soupes-happening allemandes, plusieurs groupes organisent des Discos-soupes à travers la France.
Italie
L’organisme « Last Minute Market », en Italie, a créé un réseau dans lequel une quarantaine de supermarchés font le don à une soixantaine d’associations caritatives de tous les produits qui ne peuvent plus être vendus. Les supermarchés impliqués reçoivent des déductions fiscales et n’ont plus de frais de décharge.
Pays-Bas
Le gouvernement des Pays-Bas s’est doté d’une orientation de réduction du gaspillage alimentaire de 20 % d’ici 2025. Cet enjeu est d’ailleurs intégré dans leur politique de gestion des déchets.
Royaume-Uni
Le projet « Love food hate waste », de l’organisme sans but lucratif WRAP, propose des stratégies concrètes aux citoyennes et citoyens dans le but de réduire le gaspillage de la nourriture. Les partenaires de ce projet sont nombreux : organismes communautaires, femmes et hommes d’affaires, autorités locales et chefs en sont des exemples. L’organisme WRAP s’occupe également de la gestion de partenariats entre le gouvernement et le secteur des épiceries dans lesquels sont établies des ententes volontaires visant à contrer le gaspillage alimentaire. Un projet de décret pour abolir certaines dates de péremption est présentement en cours en Angleterre.
Et chez nous?
Au Québec, que se trame-t-il en matière d’antigaspillage des aliments? On ne retrouve aucune politique municipale, ni provinciale, ni même canadienne. Le ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation considère que l’enjeu ne relève pas de lui. Au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, il n’existe encore rien qui s’apparente à des activités, programmes ou campagnes de sensibilisation en lien avec la lutte au gaspillage alimentaire. Diverses initiatives sont cependant présentes de la part de certains commerces d’alimentation, restaurateurs, organismes et groupes communautaires, surtout à Montréal. Nous avons donc beaucoup de chemin à faire au Québec pour la lutte au gaspillage alimentaire, et beaucoup d’éléments d’inspiration devant nous pour continuer faire cheminer Sauve ta bouffe!
Par Joanne Robitaille et Laurence Morin, du comité Sauve ta bouffe.
Une version courte de cet article a été publié sur le blogue de Recettes du Québec.